La réincarnation, qui signifie littéralement "retour dans la chair", désigne le processus par lequel un principe immatériel (âme, conscience ou énergie vitale) s'incarne dans un nouveau corps après la mort, qu'il soit humain, animal, ou végétal. Ce concept vise souvent à expliquer une progression spirituelle au fil des cycles de vie.
Antiquité
La réincarnation trouve ses premières mentions dans diverses civilisations, notamment dans la philosophie grecque (Pythagore, Platon, orphisme) et dans des cultures orientales comme l’hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme. Ces traditions décrivent souvent un cycle de renaissance lié au karma ou à des lois universelles.
En Égypte ancienne, bien que certaines croyances mentionnent des transformations post-mortem (comme en oiseaux), le concept précis de réincarnation apparaît seulement avec l’influence grecque durant la période ptolémaïque.
Philosophie indienne
Les Upanishads, textes spirituels indiens (VIIe-VIe siècles av. J.-C.), introduisent l'idée que toutes les âmes sont reliées à une essence divine unique (Brahman). La doctrine des renaissances est intégrée comme une étape vers la libération ultime (moksha).
La Bhagavad-Gîtâ, un texte fondamental de l’hindouisme, décrit la réincarnation comme un changement naturel : "L'âme rejette les vieux corps comme un homme change de vêtements."
Religions monothéistes
Bien que l’islam orthodoxe et le christianisme rejettent la réincarnation, des courants marginaux comme les druzes, les soufis, et les gnostiques l'ont intégrée dans leurs croyances.
Dans le judaïsme mystique, la Kabbale développe le concept du "guilgoul", ou cycle des âmes, où l’âme renaît pour accomplir un objectif spirituel.
Approches philosophiques
Platon : Pour lui, la réincarnation est une étape d'évolution spirituelle, chaque vie étant influencée par les actions passées.
René Guénon : Il distingue la réincarnation de la transmigration et critique les interprétations occidentales modernes qui simplifient ces concepts.
Arthur Schopenhauer : Il perçoit la réincarnation comme une métaphore de l’universalité de la volonté de vivre, mais rejette l'idée d'une survie individuelle.
Tentatives scientifiques
Le psychiatre Ian Stevenson a étudié des cas de souvenirs de vies antérieures chez des enfants, mais ses recherches sont restées controversées, principalement critiquées pour leur manque de méthodologie scientifique rigoureuse.
De nombreux auteurs soulignent que la réincarnation repose sur une interprétation souvent mal comprise de textes anciens. Par exemple, certains courants ésotériques modernes associent à tort des pratiques égyptiennes ou hindoues à ce concept.
René Guénon et Ananda Coomaraswamy dénoncent la simplification occidentale, affirmant que la "réincarnation" au sens d'un retour individuel n'est pas une doctrine originelle dans les traditions orientales.
À l'époque contemporaine, la réincarnation est popularisée par des courants ésotériques (théosophie, anthroposophie) et le mouvement New Age.
Des spéculations transhumanistes évoquent une "réincarnation artificielle", où l’effacement de souvenirs pourrait permettre à un individu de redécouvrir une nouvelle vie, évoquant une renaissance sans mort réelle.
> Les différents cas connus :